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Vallon du Granon


1. Présentation

Ce vallon de 1500 hectares, situé dans la vallée de la Clarée, sur la commune de Val-des-Prés, est divisé en deux grands ensembles : un ensemble forestier que l’on trouve sur la partie basse (de 1450 m à 2100 m d’altitude environ) et en majorité à l’ubac, et un ensemble prairial qui se situe sur la partie haute (de 2100 m à 2600 m d’altitude environ). Les activités humaines sont bien présentes : exploitation forestière ONF, pastoralisme (fauchage et pâturage), chasse, randonnée et activités militaires.

Quasiment toute la partie forestière en ubac est en réserve de chasse, faisant suite au classement de la vallée de la Clarée et donc du vallon du Granon. Un inventaire ZNIEFF type I a été réalisé en 1992 dans la vallée de la Clarée, englobant le vallon du Granon. Ce vallon a été spécifiquement étudié en 2001 par Samuel Gomez dans le cadre d’un stage encadré par Arnica Montana.

2. Etude écologique

87 relevés phytosociologiques ont permis d’identifier 24 habitats dans le vallon. Neuf habitats sont concernés par la directive habitats 92/43 du 21 mai 1992 dont huit ont un intérêt communautaire comme la lande suprasylvatique à Rhododendron ferrugineux CB.3.1.42 et un habitat (la forêt de Pins à crochet xérophile sur calcaire CB. 42.42.15) a un intérêt prioritaire. La sapinière acidiphile de l’étage subalpin inférieur, habitat non mentionné comme remarquable dans Corne Biotope, est tout de même assez rare dans le Briançonnais (seulement 3 stations), ce qui lui donne aussi une forte valeur patrimoniale.

On a recensé 430 espèces végétales dont 21 taxons ayant une fréquence qui va de rare à assez rare dans le département. De plus, 9 taxons sont inscrits sur les listes nationales ou régionales des espèces protégées, comme par exemple la Listère à feuille en coeur (Orchidée protégée régionale) et la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis).

40 relevés avifaunistiques ont été effectués par la technique de points d’écoute en présence/absence et grâce à une base de données du CRAVE (Centre de recherche alpin sur les vertébrés). Ils ont permis d’identifier 60 espèces d’oiseaux. Des contacts de Nyctale de Tengmalm et de Chevêchette d’Europe ont été effectués sur le vallon : ces deux rapaces nocturnes, inscrits dans la Directive Oiseaux (directive européenne), sont rares. De plus, le Tétras lyre est présent sur le site,ainsi qu’environ 17 coqs et 9 nichées (Sources ONC 1999). Enfin, les points d’écoute ont révélé une richesse spécifique assez importante (en particulier le Pouillot siffleur et la Fauvette babillarde).

3. Eléments de gestion

On se rend bien compte de la valeur patrimoniale de ce vallon, à concilier avec l’économie de la commune de Val des Prés. il serait judicieux de prendre en compte l’écologie des espèces végétales ou animales ainsi que les habitats qui peuvent être menacés par telle ou telle activités.La gestion appropriée ne pourra être applicable que sous certaines conditions. En effet, vouloir concilier la préservation du milieu naturel et les activités économiques n’est pas une chose facile dans la vallée de la Clarée, il y a beaucoup de réticence de la part des élus locaux en matière de développement durable et de respect de l’environnement.

Afin d’arriver à un équilibre entre protection de la nature et activités humaines et pour que l’état d’esprit de chacun change, il faudrait une concertation entre les principaux acteurs et qu’il n’y ait pas trop de contraintes de part et d’autres. L’idée de délimiter un périmètre de protection sur les stations de Listera cordata lors des martelages de 2002 pourrait servir à mettre en relation les différents acteurs du vallon sur le thème de la protection de la nature. Cette première action environnementale pourra se pérenniser en maintenant des réunions de concertations sur le thème de la préservation de la richesse naturelle du vallon et du développement durable.

Pastoralisme : il serait judicieux de faucher et de débroussailler deux prairies montagnardes ayant un intérêt patrimonial afin de lutter contre la fermeture du milieu. Pour respecter des habitats et des espèces fragiles sur les pelouses d’altitude, redessiner le schéma de pâturage ovins-bovins serait une éventualité intéressante afin de répartir équitablement la pression de pâturage (problème de surpâturage).

Tourisme d’été : informer, sensibiliser et canaliser le public en disposant des panneaux d’informations précisant que l’on se trouve en site classé et que le milieu est riche sur divers aspects (faune, flore et habitats).

Activités forestières : La sylviculture doit tenir compte, outre de la rentabilité économique, des éléments de l’équilibre du massif forestier tels la survie de la sapinière, le respect des stations des plantes protégées comme la Listère à feuilles en coeur et le maintien des habitats. Il serait préférable d’établir un schéma de dessertes forestières afin qu’il n’y ait plus d’ouverture de traînes forestières à chaque exploitation de parcelles qui favorisent l’érosion et défigurent le paysage.

Chasse : afin de rétablir les populations de galliformes de montagne, il serait intéressant de continuer les suivis de populations et d’informer les acteurs quant aux conditions écologiques de ces espèces.