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Bois des Ayes


1. Géologie

La majorité du bois des Ayes est située sur des terrains du Houiller, dans lesquels on rencontre des des grès, des schistes et des conglomérats, en particulier du Verrucano (renfermant des galets rouges de rhyolite) d’âge Permo-Trias, et au sommet du bois, des calcaires triasiques.

2. Caractéristiques écologiques

D’une superficie de 400 hectares environ, le bois des Ayes s’étend entre 1800 et 2450 mètres d’altitude (étage subalpin) L’exposition varie d’ouest et nord-ouest à nord-est.

Dans la partie inférieure du bois le pin cembro ou Arolle, est en mélange avec le mélèze. Lorsque l’on monte en altitude, le pin cembro devient de plus en plus abondant, et forme au-dessus de 2100 mètres une cembraie pure. Certains arolles peuvent atteindre 600 années et présentent souvent des formes particulières en candélabre.

Le sous-bois de la cembraie-mélézin est constitué par une lande acide caractéristique des endroits relativement humides (lande mésophile). Deux plantes sont dominantes dans ce groupement le rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum) dont le recouvrement est parfois proche de 100%, et la myrtille (Vaccinium myrtillus) qui peut présenter par endroits un recouvrement atteignant 60%. A noter la présence de plantes assez rares comme la graminée Calamagrostis villosa. Le caractère mésophile est souligné par la présence d’autres espèces indicatrices dont le Cerfeuil de Villar (Chaerophyllum Villarsi), le Géranium des bois (Geranium sylvaticum), l’Homogyne des Alpes (Homogyne alpina), le Prénanthe pourpre (Prenanthes purpurea), le Camérisier bleu (Lonicera caerulea) et l’Airelle bleue (Vaccinium uliginosum). La végétation lichénique est bien développée avec de nombreuses espèces corticoles (Letharia vulpina, Parmeliopsis ambigua, Usnea sp.) et terricoles (Peltigera aphthosa, Cladonia furcata). Cette lande est assez homogène, néanmoins, certains auteurs y distinguent plusieurs faciès dont :

– Le faciès typique à Rhododendron et à Myrtille.

– Le faciès à Myrtille et à géranium des bois.

Le sol fait partie des sols podzoliques (présence d’un horizon lessivé, et d’un horizon d’accumulation des oxydes de fer).

Le sous-bois de la cembraie pure est formé essentiellement par une lande plus sèche (lande mésoxérophile) à Airelle bleue, à Camarine noire (Empetrum nigrum) et à Genévrier nain (Juniperus sibirica). A noter la présence d’une tourbière acide sans sphaigne (la Sagne), dans laquelle a été signalé Orchis cruenta ; d’aulnaies vertes et de “lambeaux de mégaphorbiaie” avec Delphinium elatum, d’une pelouse subalpine ; d’une crête ventée sur laquelle on peut observer un magnifique pin cembro à forme d’étendard (due à l’action du vent). Chaque type de milieu présente une végétation particulière.

Au niveau de l’avifaune, nous avons observé plus d’une vingtaine d’espèces différentes. Cette diversité est due essentiellement à la bonne représentation des différentes strates végétales (strates arborée, arbustive, sous-arbustive, herbacée), ainsi qu’à l’humidité du sous-bois favorisant le développement des insectes. A noter comme espèces caractéristiques le tétras lyre (Tetrao tetrix), le cassenoix moucheté (Nucifraga caryocatacîes) qui joue un rôle important dans la dissémination du pin cembro, le pic noir (Dryocopus martius), la chouette de Tengmalm (Aegoljus funereus), la chouette chevêchette (Glaucidium passerinum). Ces deux dernières espèces utilisent d’anciens trous de pics pour nicher, d’où la nécessité de laisser de vieux arbres sur pied. Du fait de son intérêt ornithologique, le Bois des Ayes a été classé en Zone de Protection Spéciale pour les Oiseaux (Z.P.S, réseau européen Natura 2000).

3. Historique de la réserve

Eté 1983. Constatation des dégâts causés par les exploitations forestières : abattages de nombreux arbres morts souvent multiséculaires (laissés sur place), création de nombreuses pistes d’exploitations (traînes) dont les fortes pentes étaient soumises à un ravinement important.

4ème trimestre 1983. Protestation officielle du C.R.A.V.E. et constitution d’un premier dossier : “le Bois des Ayes introduction à l’étude du milieu et action anthropique”.

22 juin 1984. Visite du Bois des Ayes C.R.A.V.E., S.A.P.N. (Société alpine de protection de la nature), O.N.F. (Office national des forêts), D.D.A. (Direction départementale de l’Agriculture).

1984. Demande d’arrêté de biotope par les associations de protection de la nature.

1985. Inscription du Bois des Ayes dans l’inventaire Z.N.I.E.F.F (no de zone 05.10.00).

De 1984 à 1988. Des demandes d’arrêté de biotope sont faites par les associations de protection de la nature des Hautes-Alpes. Ces associations effectuent des études sur le terrain, qui aboutissent à la publication d’une brochure (juin 1987). Nouvelle protestation après une coupe effectuée en 1988.

Début 1989. La commune de Villard-Saint-Pancrace fait arrêter l’exploitation d’une coupe.

Juin et juillet 1989. Rencontre C.R.A.V.E. – Arnica montana avec l’O.N.F. de Briançon qui propose une réserve biologique forestière dirigée, intégrée dans le nouveau plan d’aménagement des forêts (expiration de l’ancien aménagement en 1988). Rencontre avec le maire de Villard-Saint-Pancrace qui est favorable à ce projet.

8 décembre 1989. Réunion O.N.F., Conseil municipal de Villard-St-Pancrace, C.R.A.V.E. – Arnica montana pour établir les règles de gestion de la future réserve.

Janvier 1990. Le conseil municipal de Villard-Saint-Pancrace approuve par vote le projet de réserve biologique forestière dirigée et son contenu.

27 janvier 1990. Projection de diapositives (montage C.R.A.V.E. – Arnica montana), aux habitants de Villard-Saint-Pancrace, sur l’intérêt biologique du Bois des Ayes, et présentation des règles de gestion de la réserve avec la participation du maire de la commune et de la division O.N.F. de Briançon.

En 1990 et 1991; les association ARNICA MONTANA, le C.R.A.VE, la S.A.P.N. présentent la candidature de Madame E. FERRARO, maire de Villard St Pancrace, pour le « prix gentiane », distinction décernée par France Nature Environnement à une personnalité ayant oeuvré positivement pour la protection de la Nature. En mai 1991, Madame FERRARO est désignée prix gentiane 1991 (par 242 mandats sur 308) lors de l’assemblée générale de France Nature Environnement à Montpellier.

Depuis la création de la réserve biologique, le comité de gestion se réunit une à deux fois par an pour résoudre les problèmes qui peuvent se poser (pâturage, VTT…).

4. Règles de gestion de la réserve

Les parcelles concernant la cembraie pure située au-dessus de 2150 mètres d’al­titude, anciennement classées hors cadre, continueront à ne faire l’objet d’aucune intervention sylvicole (surface 176 hectares).

Le reste de la série continuera à être exploité en futaie jardinée avec une rotation de 40 ans (au lieu de 20 ans dans l’ancien plan d’aménagement). Prochaine coupe 2001 (parcelle 14). Cette mesure est justifiée par la croissance très lente des arbres dans ce secteur.

Obligation de laisser sur pied 3 vieux arbres à l’hectare.

Si des plantations sont nécessaires, elles ne se feront qu’avec du pin cembro et/ou du mélèze.

Interdiction d’ouvrir pour les futures exploitations de nouvelles voies de vidange. Seules les voies existantes pourront être réutilisées (après consultation d’un comité de suivi de la réserve qui déterminera les pistes qui pourront être réutilisées) sous réserve d’une remise en état à la fin de l’exploitation.

Interdiction de toute exploitation et du pâturage avant le 15 août.

Respect intégral des zones humides situées en forêt.

Respect de la végétation arbustive au moment des exploitations.

Obligation de préserver et remettre en état les sentiers piétonniers après exploitations.

Conservation des activités humaines traditionnelles (chasse, cueillette des myrtilles, pâturage…).

Création d’un comité de gestion de la réserve, se réunissant au moins une fois par an, et comprenant l’O.N.F., la commune de Villard-St-Pancrace, les association locales de protection de la nature (Arnica montana, C.R.A.V.E.). En cas de besoin, le maire de Villard-St-Pancrace pourra consulter ce comité de gestion.

5. Conclusion

Les aspects positifs de la création de cette réserve sont nombreux :

– Projet de réserve établi d’un commun accord entre l’O.N.F., une commune et les associations de protection de la nature.

– Intervention des associations de protection de la nature dans la gestion forestière d’un milieu de grand intérêt biologique.

– Sensibilisation d’une municipalité et de ses habitants au respect du patrimoine naturel de leur commune.

– Collaboration fructueuse entre plusieurs associations du département.

Ce type de réserve biologique sur une forêt communale est unique dans les Hautes-Alpes et a été sans doute une des premières en France.

Si vous avez l’occasion d’aller visiter cette magnifique forêt, nous vous rappelons que ce milieu est fragile. Ne cueillez pas de plantes (plusieurs espèces sont protégées par la loi), restez sur les sentiers, tenez les chiens en laisse pour ne pas perturber la faune sauvage, ni les troupeaux.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter la brochure éditée par ARNICA MONTANA et le C.R.A.VE. « la réserve biologique forestière du Bois des Ayes » Commander la brochure.